Kaïnos

L’appel à se positionner revient constamment depuis quelques années. Un positionnement sur lequel Dieu m’interpelle particulièrement ces derniers mois est celui de la nouvelle création. Nous connaissons pour la plupart presque par cœur ce verset de 2 Corinthiens 5.17 :

« Si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle créature. Les choses anciennes sont passées voici toutes choses sont devenues nouvelles. »

En tant que nouvelle créature, nous vivons la nouvelle création inaugurée par Jésus, à travers une nouvelle alliance qui nous communique une nouvelle vie au moyen de la nouvelle naissance. Nous sommes transformés par une intelligence nouvelle, nous recevons un nom nouveau, une identité nouvelle, bref, tout est nouveau. 
Le mot utilisé pour nouveau ici est « kainos ». En grec, on trouve deux mots qui sont traduits en français par « nouveau » : neos et kainos. « Neos », c’est ce qui est nouveau en termes de temps. C’est le nouveau relatif au temps « chronos », comme pour quelque chose qu’on vient d’acquérir. On pourrait aussi traduire ce mot par « neuf ». 
« Kainos », c’est différent. C’est nouveau dans le sens où c’est une nouvelle forme et une nouvelle sorte, une nouvelle substance, quelque chose qui n’existait pas précédemment, qui n’est pas commun, ou même, qui était inconnu… « Neos » c’est ce qui est nouveau en référence au temps, « kainos » c’est ce qui est nouveau en référence à la nature. C’est ce kainos dont il est question dans 2 Corinthiens 5. Nous sommes d’une autre nature. Par la vie nouvelle de Jésus en nous, nous somme transformés, métamorphosés, transfigurés. Nous partageons la nature de Dieu :

« … afin que par elles [les promesses de Dieu] vous deveniez participants de la nature divine »

Être une nouvelle créature est quelque chose de glorieux ! C’est une transfiguration permanente que nous vivons par notre union avec Jésus, et qui nous place dans une dimension éternelle et plus seulement temporelle.

La nouvelle création n’est pas juste une amélioration, une réparation, de ce qui était avant et qui a été marqué par la chute. Ce n’est pas un remplacement de ce qui n’allait pas, ni un essai de Dieu de rattraper ce qui avait mal tourné. La transformation est bien plus profonde que cela. C’est un chemin de mort et de résurrection. Une vie meurt et nous naissons à une autre. Kainos, c’est le plan originel de Dieu qui s’accomplit. La nouvelle création n’est pas une meilleure version de la première, c’est une autre version. Tant que nous voyons la vie nouvelle que nous avons en Jésus comme une vie humaine à laquelle nous ajoutons un peu de la présence de Jésus et de temps en temps, un miracle, nous vivons en dessous de ce à quoi nous avons été appelés.
 
Pourtant, bien que nous soyons une nouvelle création, nous vivons dans la tension de ce qui est ancien et qui s’exprime encore dans notre vie. Le piège de cela, c’est de rêver à la nouvelle création, d’y aspirer, de la décrire de mieux en mieux, de la désirer de plus en plus, et de la regarder depuis l’ancienne création. Nous pouvons être une nouvelle création et continuer à vivre depuis l’ancienne. Nous sommes une nouvelle créature mais nous sommes positionnés dans notre esprit et notre âme dans ce qui reste de l’ancienne créature, et nous regardons la nouvelle création comme quelque chose à atteindre, plutôt qu’une nouvelle identité que nous possédons déjà et dans laquelle nous vivons déjà
Il y a d’autres domaines de la vie avec Dieu dans lesquels nous rencontrons le même défi. Lors du weekend de Pâques, j’ai vécu avec quelques amis un temps de veille où Dieu nous a conduits à saisir davantage l’adoption que nous a donnée le Père. Comme pour le passage de 2 Corinthiens 5, nous connaissons aussi ce verset de Romains 8.15 :
« Vous n’avez pas reçu un esprit de servitude pour être encore dans la crainte, mais vous avez reçu un esprit d’adoption par lequel nous crions : Abba Père ! »
 
L’adoption nous introduit dans une nouvelle famille, une nouvelle généalogie, elle nous accorde un nom nouveau et elle est la promesse d’un nouvel héritage. Cependant, c’est un vrai combat spirituel pour nous d’être positionnés dans cette adoption. Nous la savons, nous la connaissons intellectuellement, et nous la recevons. Mais la question la plus importante est : estce que nous la vivons
Dans la veille que nous avons vécue, je sentais la tristesse de Jésus : nous sommes adoptés par le Père, ça nous rassure, ça nous guérit, ça nous console, mais nous continuons à vivre comme des étrangers dans la maison, qui venons faire plus ou moins régulièrement un séjour plus ou moins long, le temps d’être retapés… Nous venons passer un moment dans la maison du Père, mais nous n’y habitons pas, et nous n’avons pas conscience qu’il habite pleinement en nous. L’adoption est pour nous une autorisation à venir dans la maison du Père autant de fois que nous le voulons, mais nous ne la vivons pas pour ce qu’elle est : un changement d’identité et de vie par lequel nous sommes établis dans la maison du Père qui devient aussi notre maison. Nous avons été adoptés par la famille céleste et nous appartenons à cette famille, nous partageons pleinement leur vie et leur réalité.
 
Pour revenir à la nouvelle création, il me semble qu’un repositionnement semblable doit sproduire pour nous. Nous sommes une nouvelle création, et rien de ce que nous pouvons constater encore dans notre vie de ce qui est ancien ne doit nous arracher à cette réalité. Lorsque ce qui est ancien nous accable, nous avons naturellement tendance à fixer nos yeux et notre attention sur l’ancienne création, et nous ne sommes plus positionnés dans ce qui est nouveau. Alors nous essayons d’améliorer, de réparer, de compenser. Nous retrouvons tous les anciens réflexes religieux qui ne sont pas les chemins par lesquels Dieu travaille, au lieu de recevoir de Jésus la sainteté, la justice, la perfection, la pureté et la joie qui nous sont acquises lorsque nous sommes unis à lui. Cela n’est pas un encouragement à ignorer ou nier le péché et la chair qui s’expriment encore dans notre vie, ou à refuser de se remettre en question. Au contraire. C’est une puissante motivation à choisir la repentance, le renouvellement de l’intelligence et le repositionnement à chaque fois que nous y sommes confrontés. Nous prenons parti pour la nouvelle création que nous sommes, et nous ne laisserons rien de ce qui est de l’ancien s’accrocher encore à nous.
 

Se positionner dans la nouvelle création que nous sommes, c’est à la fois s’établir dans cette nouvelle identité et vivre tout ce qui va avec, et en même temps ne rien laisser de ce qui est ancien s’agripper à nous.

Dans la nouvelle création, nous découvrons que nous ne sommes pas limités par l’espace et par le temps. Nous vivons des expériences bien audelà des lois physiques qui régissent le monde matériel. La réalité du Corps de Christ fait partie de cela. Un corps d’individus de tous peuples, toutes races, toutes langues, toutes tribus, appelé à adorer, obéir et manifester Jésus sur terre audelà des distances géographiques et des limitations matérielles. La présence et le service des anges deviennent aussi une partie de notre quotidien avec bien d’autres expériences que l’on retrouve dans la Bible et que nous n’expérimentons pas ou trop peu. Nous les lisons comme de belles histoires appelées à stimuler notre foi, alors qu’elles témoignent d’une réalité à laquelle nous sommes invités et dans laquelle nous pourrions entrer avec humilité un jour après l’autre… Le monde spirituel nous est pleinement accessible et nous devenons ceux qui opèrent les transferts entre le ciel et la terre, et qui permettent au royaume de Dieu d’être manifesté avec puissance.
Il est temps d’ajouter cela à nos vies, et de vivre la vie nouvelle qui nous a été donnée et dans laquelle nous évoluons la plupart du temps sans en avoir conscience. 

Depuis quelques mois, je suis travaillée plus encore qu’avant par le défi que tout cela représente. Je n’en veux pas seulement la compréhension, j’en veux la réalité et je ne la vois pas toujours dans mon quotidien comme je le désirerais. Alors je m’approche de Jésus, je le cherche encore plus, je sais que tout cela ne devient réalité qu’en étant un avec lui, parce qu’il n’y a rien de possible en dehors de cette relation et de cette union. C’est un défi de foi aussi. Régulièrement, je dis à Jésus : « Oh j’aimerais vivre cela. », presqu’à chaque fois, la réponse de Jésus est toute simple : « Estce que tu le crois ? Si tu crois, tu le vis. » 

Que cette saison nous propulse dans une nouvelle proximité, une nouvelle intimité, un nouvel amour pour Jésus, et dans une profondeur de foi qui démontre ce que nous n’avons pas encore vu.

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2 réflexions sur “Kaïnos”

  1. Merci tellement chère Elvire,pour cette exhortation à ne pas nous laisser” voler “cette identité de Fils et de Filles de notre Dieu,mais à devenir qui nous sommes,et à restés positionnés dans cet héritage reçu à la Croix ,, j’avais tellement besoin de lire ces lignes,que cette bénédiction te revienne, multipliée 🤗🙌❤️

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