Que fais-tu ici Élie ?

Comme on le sait, Élie n’a pas eu que des moments forts dans son ministère, il a dû faire face à la dépression et à la déception. Comment en est-il arrivé là ? Nous n’avons pas tous les éléments de sa vie qui nous permettraient de faire une analyse psychologique de l’homme, mais nous avons néanmoins quelques indications dans son histoire, qui nous donneront plusieurs pistes pour comprendre ce que Dieu a voulu faire en lui. Dieu désire également faire ce travail dans la vie de ceux qui, comme Élie, doivent former une génération après eux.

Tout d’abord, Élie est un des rares personnages bibliques dont nous ne savons rien sur ses origines, sur sa lignée ou même sa tribu. Il est juste le Tishbite, l’un des habitants de Galaad. Élie fait pour ainsi dire partie d’une génération sans père, qui s’est forgée toute seule en répondant à l’appel de Dieu au milieu d’un peuple rebelle, éloigné du Seigneur. Ainsi Élie est comme beaucoup d’entre nous, il a grandi tout seul, sûrement autodidacte, il a appris de ses erreurs et de ses victoires. En vivant des déceptions mais aussi en relevant des défis et allant de succès en succès, il s’est révélé comme un guerrier de la foi. Ainsi, il s’est forgé un caractère dans l’adversité, il a durci son front pour faire face à l’opposition, mais certainement aussi son cœur, pour se protéger de la douleur et de la solitude du ministère. 

L’épisode du Carmel est certainement l’événement fort de sa vie c’est l’aboutissement de toute une confrontation avec le roi Achab, l’autorité humaine, mais également et surtout avec les puissances spirituelles qui influençaient le pays à l’époque, incarnées par la reine Jézabel. Il a su déclarer la parole du jugement de Dieu fermant le ciel, il a su ensuite se tenir à l’écart dans la foi et la persévérance pendant les trois années de famine. Il a appris la dépendance surnaturelle de Dieu, la vie par la foi. Il a vécu des miracles incroyables et il en a fait bénéficier ceux qui étaient à ses côtés.

Beaucoup d’entre nous ont été comme Élie, ils ont déclaré la parole de Dieu sur la terre de France, puis ils ont traversé des temps de sécheresse spirituelle et ont vécu par la foi, ils ont ainsi été des modèles de foi et de persévérance pour beaucoup. Mais ils n’ont pas toujours réalisé l’impact qu’a eu sur leur vie la confrontation spirituelle qu’ils ont vécue avec les puissances de ce pays, comme certainement Jézabel et d’autres encore.

C’est également ce qui est arrivé à Élie, car malgré le succès indéniable du mont Carmel, il semble incapable de résister à la contre-attaque de la reine Jézabel qui le menace directement de mort. Il prend la fuite, il a peur, il tombe dans une sorte de dépression profonde car il est déçu. Déçu de lui-même certainement, des autres bien sûr car il se croit seul, de Dieu aussi peut-être.

La déception est une puissance d’arrêt qui malheureusement guette ceux de la génération d’Élie. L’impression d’avoir combattu en vain, que les autres n’étaient pas là, que les victoires ont été trop rapidement suivies de revers difficiles. Perte de confiance, manque de discernement, remise en question parfois même de la direction de Dieu… ce cocktail est dur à digérer et peut conduire même les plus forts d’entre nous à la tentation d’abandonner la partie, à se mettre hors course, ou simplement à déprimer.

Mais c’est là que l’histoire d’Élie est pleine d’espérance, alors qu’il se laisse aller à des pensées de mort, Dieu intervient pour prendre soin de lui. C’est une certitude : Dieu est le Père que nous n’avions pas eu, et dans ces moments difficiles, Il a vraiment compassion de nous, son amour va nous être révélé. En fait, le processus même par lequel Élie est en train de passer est celui qui fera de lui un père. Le solitaire, apparemment si fort et invulnérable est en train d’être brisé. Confronté à ses besoins les plus légitimes, il va se laisser soigner par Dieu. D’homme mûr qu’il est, il redevient enfant, dépendant du Père. C’est même un ange que Dieu envoie au chevet d’Élie, le ciel est en action pour relever le prophète car sa mission est loin d’être terminée, elle doit aboutir à son plein accomplissement et c’est à la montagne d’Horeb que le tournant sera pris. 

C'est dans la caverne de la douceur de son amour qu'il nous introduira,
c'est là qu'il parlera à notre cœur avec le souffle doux et léger de son Esprit d'adoption.
Que fais-tu ici Élie ?

Combien la génération de ceux qui sont appelés à être les pères de ce pays a besoin de se laisser soigner par Dieu, c’est maintenant ou jamais ! 

Dans cet affreux désert, le Père va nous nourrir. Dieu va nous amener dans un lieu de rencontre, le lieu secret de sa présence, loin des tonnerres de la confrontation ou du feu des succès du ministère. Cette question “que fais-tu ici Élie ? ” nous fait presque sourire, elle paraît trop évidente, elle est pourtant pleine d’affection.

Dans les moments de forts découragements, nous avons besoin de reformuler le pourquoi de nos vies. Réaliser à nouveau ce qui nous a profondément motivés pour consacrer nos vies entières à la cause du Roi. Élie ne comprend pas la question, il répond à côté en rappelant son zèle qui malheureusement est devenu amer par la déception. L’important ici n’est pas ce qu’Élie a fait pour Dieu mais ce qu’Élie est réellement devant Lui. Nos œuvres peuvent être incroyables, elles sont néanmoins derrière nous, et même si elles nous suivront peut-être un jour dans la gloire, elles ne sont pas notre couronne.

Mais ce qui compte à ce moment précis de notre histoire c’est qui nous sommes devant Dieu et si nous avons conscience de ceux qu’il a placés à nos côtés pour le servir. Élie n’a pas cette clairvoyance, il se croit seul et meilleur que les autres. Mais Dieu va le confronter dans sa grâce en lui révélant qu’il n’y a pas moins de 8000 autres prophètes qui le servent dans le pays et beaucoup de jeunes ministères à former et établir après lui.

Nous sommes dans un temps où Dieu nous rapproche les uns des autres pour le servir ensemble d’une nouvelle manière. Il permet des échecs et des déceptions pour nous rendre vulnérables les uns avec les autres et apprendre ainsi la dépendance mutuelle. Pour cela, il nous révèle son cœur de Père pour que nous prenions conscience d’être avant tout ses enfants avant d’être des ministères, membres d’une famille avant d’être membres d’une église, entourés d’amis et de fils et de filles.

Alors, réconciliés dans la douceur, la tendresse et l’humilité de Christ, nous allons pouvoir à nouveau repartir en mission. Et cette nouvelle mission est encore plus noble que la précédente, c’est une mission de transmission, c’est le passage du relais dans la réconciliation des générations. Ce que Dieu a fait pour Élie, il veut le faire pour nous en France : à Horeb, il le relève et l’envoie vers la jeune génération pour l’établir dans son appel, certains pour prendre sa suite et d’autres pour entrer dans leur destinée particulière. L’onction d’Élie a pour particularité de ramener le cœur des pères à leurs enfants et le cœur des enfants à leurs pères.

C’est de ce processus dont il est question ici, le brisement d’Élie aura pour fruit la vocation d’Hazaël, un roi des nations, de Jéhu le nouveau roi d’Israël et d’Élisée prophète à sa place dans un esprit de filiation retrouvée. Élie semblait seul sur la scène lorsqu’il exerçait son ministère, Élisée lui a un père et il est entouré d’écoles de prophètes dans sa génération. L’épreuve d’Élie a permis à la filiation de venir et d’être établie dans la sécurité de la paternité, et c’est ce que nous voulons voir sur notre pays.

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